Il y a les convertis, les anxieux, les mitigés, les fans, les radicalement contre, les farouchement pour... Le télétravail instauré presque systématiquement lorsque c'était possible en raison du confinement a soulevé bien des questions.
Généralisé pour ceux qui le pouvaient, le télétravail a bondi durant le confinement, alors qu’auparavant, il ne concernait que 3 % des salariés d’après une enquête de début novembre 2017. Pourtant, le télétravail est encadré en France par l’accord cadre européen du 16 juillet 2002 repris en France par l’accord national interprofessionnel du 19 juillet 2005. L’accès aux outils numériques et leur disparité, la réticence de certains employeurs, le fait que certains métiers ne se prêtent pas au télétravail expliquent partiellement ce retard sur les pays européens où cette pratique est fortement encouragée et généralisée.
Devenu un droit avec les ordonnances Macron, et quasiment une obligation lorsque cela était possible avec la pandémie, le télétravail a pourtant révélé certaines inégalités notamment numériques et une difficulté à gérer temps de travail et vie privée qui parfois s'entremêlaient avec la difficulté de « décrocher ». Pour autant, le télétravail s’il est bien pensé et bien organisé permet des gains non négligeables de productivité avec des effets importants sur les temps de transport et la réduction des pollutions diverses.
Il y a donc une grande marge de travail sur cette question devenue primordiale durant la pandémie et qui devrait nous donner à penser les normes de travail et de télétravail à la lumière de cette récente expérience mais dans des conditions d’activité « normale », c’est-à-dire avec des enfants à l’école, des outils numériques pour ceux qui peuvent travailler chez eux et un temps partagé harmonieusement entre le bureau, les espaces de coworking et le domicile.
Pour certaines personnes, le télétravail complet rompt d'une certaine manière le lien social. Pire, "Sentiment d’abandon, surcharge cognitive, management toxique aggravé, perte de repères, la généralisation du travail à distance mal préparée augmente les risques psychosociaux" selon le Monde du 24 mai 2020.
Pour l’avenir, comme l'explique le Monde du 17 mai 2020, les employeurs envisagent des modes d’organisation hybrides. Car " même si « on est capables d’œuvrer en télétravail, certains trouvent que c’est compliqué. Le télétravail crée de l’isolement et une certaine fatigue, car on est tout le temps au téléphone. Le lien social n’est pas le même et il y a encore des choses qu’on n’arrive pas à faire », remarque Hélène Gemähling, DRH de Nespresso France
« Le télétravail n’est pas une fin en soi,relève Olivier Girard, le président France-Benelux d’Accenture.Quand on ne sera plus en crise sanitaire, on ne restera sans doute pas à 30 % de l’économie française en télétravail, mais l’organisation du travail sera devenue hybride, avec du télétravail et du présentiel. Les discussions pour aller plus loin dans les accords [de télétravail, en place depuis 2010] étaient ouvertes avant le coronavirus et vont se poursuivre. »
Le télétravail a des conséquences non négligeable pour le secteur immobilier, tant l'immobilier d'entreprise que celui des particuliers qui sera à revoir ! Quid des milliers de m2 de bureaux et des tendances actuelles de télétravail ? "Les jeunes générations ont moins de difficulté que leurs aînés à composer avec les nouveaux modes de travail : « flex office » (sans bureaux attitrés), « coworking » et « proworking », « home office ». Le Point 23 mai 2020. Et les salariés à rêver d'espaces extérieurs pour leur résidence. Il faut donc tirer les leçons de cette crise, pour re-penser notre relation au travail et au télétravail. Encore un nouveau chantier de travail pour le monde d'après !
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