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Vaccination : Autopsie d'un désastre, par Axel Kahn


Axel Kahn, Dr médecine et sciences, généticien, président d'université, président de La Ligue Cancer, Écrivain


Au second jour de l’année, mes amis, les défis et incertitudes épidémiques sont tels que les stratégies à mettre en œuvre sont des plus délicates.

Les données objectives sont les suivantes : La flambée épidémique aux ÉU et, plus près de nous, en GB est impressionnante. Elle est l’un des scénarios qui nous attend, avec remplacement des virus circulants depuis février 2020 par des mutants plus infectieux, notamment ceux caractérisés en Angleterre et en Afrique du Sud.

Cette émergence de mutants sélectionnés sur l’avantage sélectif que leur confère une plus grande infectiosité est inéluctable, elle est facilitée par l’indigence des politiques qui, pour des raisons économiques compréhensibles, ont cherché à « vivre avec le virus », « pas si virulent que ça. »

Bien entendu, plus le virus circule, plus nombreux sont les mutants aléatoires dont certains seront avantagés. La Chine nous a envoyé le SARS-CoV-2. En revanche, ce n’est pas chez elle, ni en Corée, Japon, Taïwan, Australie, Nouvelle Zélande... qu’apparaîtront les nouveaux mutants, leur politique constante a été de viser l’éradication du virus, avec succès pour la Chine.

La GB dans une situation terrible fait le pari de ne pas faire 3 semaines après la première injection le rappel nécessaire à une protection optimale. Ses scientifiques sacrifient la qualité de l’immunisation chez N personnes pour protéger moins bien 2 N personnes. Je ne sais s’ils ont raison mais leur suis solidaire dans la tourmente.

La même situation nous menace. Mais la France n’ayant utilisé que 400 des deux millions de doses de vaccin qu’elle a reçues n’en est pas là !

Comment expliquer un tel désastre de démarrage ?

La raison principale en est une extrême sclérose intellectuelle des corps de l’État, notamment dans le domaine sanitaire.

Ainsi l’HAS doit statutairement proposer la stratégie vaccinale. Elle applique les règles dont elle n’est pas même capable de penser l’adaptation aux circonstances. Il faut prioriser les personnes fragiles, allons pour les EHPAD. Il faut respecter la règle du consentement, allons pour une procédure de consentement écrit qui dure 5 jours. Pas question de déplacer les anciens, on ira à eux. Et les soignants ? S’ils sont jeunes, ils ne sont pas à risque. Besogneuse, l’HAS fait son job sans aucune vision dynamique de santé publique ni clause d’adaptation à l’évolution épidémique. À la DGS, au Ministère, on applique sans plus de vision le plan de l’HAS.

Qui soignera les personnes malades si les soignants ne sont pas protégés et si la tension hospitalière devient chez nous aussi forte qu’en GB ? La procédure mise en place est d’une incroyable lenteur ? Oui mais si conforme aux règles !

Et puis cerise sur le gâteau, la politique de communication. Le gouvernement est obsédé par les gilets jaunes, de fait dans leur masse anti-vaccin. Il se méfie : « Évitons de leur donner de quoi prospérer, allons-y mollo ! » Le Monsieur vaccin en tête, on y va alors comme à regret. Le remarquable scientifique Alain Fischer, un ami cher, ici à contre emploi, dit dans sa 1ère intervention non ce qu’il faut espérer mais toutes les questions qu’il se pose. Les autorités annoncent très fières les sites où déclarer les effets indésirables, se déclarent prêtes à interrompre la campagne si nécessaire...Mais l’espoir du vaccin, la voie qu’il trace, l’extraordinaire aventure scientifique qu’il représente ? Presque rien. Moi-même, écoutant cela, j’ai été à me poser des questions ! (private joke).

L’erreur psychologique est inouïe ! Les anti- masques, anti- confinement, anti- seconde vague, négationniste de la réalité de l’épidémie, réseaux gilets jaunes et complotistes ont jubilé : « Voyez, ils ont la trouille, eux-mêmes n’y croient pas ! » Et les hésitant ont commencé de basculer en masse dans le refus. « S’ils font tant d’histoires, c’est qu’il y a un loup, une meute, même ! » Après 15 jours de cette brillante communication, ont était passé de 55% de personnes disposées à se faire vacciner à 40% !

Cet épisode devra dans le futur être enseigné dans les écoles de l’administration comme l’exemple de ce dont il conviendrait à tout prix de se préserver.

Bon, tentons de réparer le désastre. Errare humanun est sed perseverare diabolicum...


Axel Kahn qui en a tant vu mais là, chapeau !


Voir les nombreuses réactions sur le compte Facebook d'Axel Kahn ainsi que l'article de Pierre Tambourin sur Facebook et Linkedin également et ci-dessous


Je partage sans réserve le cri d’alerte de mon ami Axel Kahn, chez qui je retrouve à nouveau, avec plaisir, la lucidité et le courage joints à la compétence dont il a toujours fait preuve.


Je partage, aussi, son analyse sur l’état d'extrême urgence dans laquelle nous entraine un virus que j’ai qualifié par ailleurs de sournois et de très grand danger pour nos sociétés fragilisées par un principe de précaution devenu un principe d’inaction. L’histoire naturelle de ce virus n’est d’ailleurs pas achevée. Certes, il gagne en contagiosité mais il peut tout aussi bien gagner en virulence est devenir, par exemple, un tueur actif dans toutes les tranches d’âge et dans un grand nombre de groupes sociaux.


Je partage aussi, pour les avoir pratiqués et vus de près, les propos d’Axel, sur l’indigence intellectuelle de certaines structures d’État paralysées par la peur, l’ignorance des mécanismes d’une épidémie qui rappelle pourtant par nombre de faits avérés, l’histoire bien connue de la grippe dite espagnole1.


Je partage toujours son point de vue sur la dangerosité de groupes (et de manière exemplaire les gilets jaunes) ou de certains individus discourant urbi et orbi sur la nocivité des vaccins et qui, au nom de leur liberté individuelle affirment qu’ils refuseront d’accomplir un geste qui me semble d’abord un geste de solidarité et de fraternité. D’ailleurs, de quelle liberté parle-t-on précisément ? Celle qui, parce qu’on se sent à l’abri vu son âge ou ses conditions sociales, permet de penser que rien de grave n’arrivera ? Nous savons tous qu’une couverture vaccinale insuffisante se traduira inexorablement par des vagues épidémiques successives et leurs lots de morts inévitables. Que fait-on du contrat social qui fonde une nation ?



Comme Axel Khan, j’ai évité de joindre ma voix à toutes celles, innombrables, qui font porter tous nos maux sur le gouvernement ou le Président. C’est tellement facile.


En revanche il ne me parait pas acceptable d’assister au spectacle affligeant et anxiogène de la mise en place d’un processus de vaccination collective aussi lent et aussi peu efficace. À ma connaissance, ni les médecins de ville, ni les pharmaciens, n’ont reçu à cet instant d’instructions des autorités compétentes alors que nous savons depuis des semaines qu’un tel processus doit être mis en place urgemment. J’ose espérer que la décision de ne pas rendre cette vaccination obligatoire ne vient pas d’une incapacité à prendre en charge un tel processus ou, pire, d’un manque de vaccin.


Vu les caractéristiques de ce virus, vu son potentiel pathogène, vu ce que d’autres épidémies nous ont appris dans le passé, il me semble incohérent et irresponsable de ne pas rendre immédiatement obligatoire cette vaccination laissant ainsi entendre qu’au fond tout ceci n’est pas très grave. Un peu de courage ne nuirait pas. Ne reproduisons pas l’affaire des masques et oublions, dans ce moment critique, les futures élections pour ne penser qu’à l’intérêt de toutes et tous


Errare humanum est, perseverare diabolicum… Pierre Tambourin


1La grippe Espagnole de 1918


Les débuts furent discrets. Au début, le virus n’apparait pas mortel. La situation politique de l’époque, marquée par la première guerre mondiale, « oblige » à une censure des informations sur la maladie pour ne pas aggraver le moral des populations. Pendant plusieurs mois l’épidémie est considérée comme banale et même terminée en juillet 2018, quand, en septembre 1918, les premiers cas d’une forme nouvelle de grippe mortelle, fulgurante, sont signalés dans la région de Boston. En fait de rares situations mortelles avaient été vues dès les premiers jours de 1918 au Kansas. A partir de là, un nouvel épisode épidémique démarre dont la caractéristique était une mortalité 10 à 30 fois plus élevée que la vague virale précédente en particulier sur la tranche d’âge de 20 à 40ans. Il s’agit d’une grippe à tendance hémorragique et qui détruit les poumons. En quelques mois la contagiosité du virus submerge les États-Unis puis l’Europe, d’abord la France et l’Angleterre, puis avec quelques semaines de décalage l’Espagne, l’Italie, l'Allemagne et tous les pays limitrophes. Lavage des mains, interdiction de cracher dans la rue, distanciation, limitations des rencontres et des attroupements, fermetures des écoles, interdiction des services religieux, limitations des commerces, port du masque obligatoire, sont mis en place avec, déjà, des protestations de minorités qui parviennent parfois à la levée de certains mesures (Ligue anti-masques). Cette pandémie aura fait de 20 à 50 millions de morts ( des ré-évaluations récentes disent 100), beaucoup plus que la guerre mondiale (18,6millions de morts). Une part importante de ces décès sont attribués à des infections induites, souvent bactériennes. Les antibiotiques n’existaient pas encore.

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Lire aussi l'analyse d'Antoine Levy. L’économiste et doctorant au MIT, qui dresse une liste des différents dénis de notre administration qui expliquent ce retard ainsi que huit solutions potentielles pour le combler. Article intégral sur Facebook et ci-dessous


Au soir du 30 décembre, après 4 jours de vaccination, 138 personnes avaient reçu une dose d’immunisation contre le Covid en France. En une dizaine de jours, les États-Unis ont vacciné près de 3 millions de personnes. Israël, dans le même temps, a administré la première dose du vaccin à 7.5% de sa population (l’équivalent de près de 5 millions de Français), dont près de 30% des plus de soixante ans, les plus fragiles, ce qui lui permet d’entrevoir la fin de l’épidémie pour le début du mois de février. Le Royaume-Uni, un pays comparable au notre en population, a déjà vacciné près d’un million de personnes. L’Allemagne, handicapée par la même lenteur d’approbation du vaccin que la France (celle de l’Agence Européenne du Médicament et de sa coupable négligence) et armée de doses attribuées de manière symétrique, a commencé sa campagne le même jour : elle a vacciné, en trois jours, près de 80 000 citoyens, à un rythme qui s’accélère chaque jour. L’ampleur surréaliste de l’échec français interroge ; elle ne devrait pourtant pas surprendre. La lenteur de la campagne de vaccination française, n’est que la suite logique de notre gestion des masques, des tests, du traçage, de l’isolation. C’est le symptôme d’un déclassement et d’un appauvrissement organisationnel et technologique effarant. C’est aussi le produit de l’arrogance d’un État imbu de lui-même et imperméable à la critique, de la suffisance d’une administration et d’une classe politique auto-satisfaites, boursouflées, et incapables de la dose d’humilité nécessaire pour faire machine arrière et s’inspirer simplement de ce qui fonctionne ailleurs. C’est en somme la révélation de la disparition totale de notre state capacity, la faculté de l’action publique à agir efficacement tout en préservant les libertés, la simple capacité d’accomplir quelque chose en commun.

Cinq raisons s’imposent, d’évidence, pour expliquer cet échec, cinq dénis de réalité.

Le premier des dénis, c’est celui du primat absolu de la logistique. « L’intendance suivra », aime-t-on à répéter en France depuis le Général, et l’on semble fier d’y confier son ignorance de ces questions bassement matérielles. Voilà que, comme un symbole, l’on entend le présumé grand ordonnateur de la stratégie vaccinale française, Alain Fischer, se gausser à la télévision en avouant, sans y voir la moindre contradiction avec son rôle, qu’il « ne connaît pas grand-chose à la logistique », comme s’il s’agissait là d’un domaine bien trop vulgaire pour un homme de sa trempe. Il faut voir dans ce mépris de l’organisation concrète l’origine de l’échec français dans l’approvisionnement en masques, qui n’a fonctionné que dès qu’il a été confié aux acheteurs de la grande distribution, dont c’est le métier ; ou dans la réquisition des laboratoires vétérinaires, dont on n’a pas su dès février inventorier la capacité en tests. La gestion publique de la Santé n’est pas organisée pour peser et arbitrer des contraintes de ressources en temps réel. Dans l’une des économies les plus administrées et socialisées du monde développé, où l’on aime à multiplier les commissariats au Plan et autres conventions citoyennes, on demeure parfaitement incapable de dépasser les incantations, et, si l’on sait bien y théoriser l’économie de guerre, on semble n’avoir aucune idée de comment en impulser la pratique.

Le second déni, c’est celui des fautes par omission. A force de vouloir à tout prix éviter de commettre des erreurs spécifiques qui risqueraient de la mettre face à leurs responsabilités pénales (le syndrome du « sang contaminé »), l’administration et le gouvernement ont fait le choix délétère d’une inaction facile, mais non moins hautement coupable. Ne pas agir, et surtout ne pas agir à temps, c’est condamner à mort (du Covid, mais aussi d’autres pathologies non détectées par des hôpitaux encombrés) des dizaines de milliers de français supplémentaires, tout en se lavant les mains de la moindre culpabilité, puisque l’on n’a rien fait. Il est évidemment confortable de se rassurer en se convaincant que personne n’est mort des effets secondaires d’un vaccin que l’on n’a pas distribué, sans se rendre compte que cette non-assistance à un pays en danger est elle-même responsable de milliers de morts et de pathologies graves qui s’accumulent chaque jour.

Le troisième déni, c’est celui des proportions. Quand il s’agit d’assigner des mois durant un pays à résidence, le « quoi qu’il en coûte » s’imposerait, et l’on n’aurait que faire des libertés publiques – mais l’on s’en préoccupe soudain de façon obsessionnelle pour refuser l’obligation vaccinale, pourtant la norme pour onze autres inoculations. Dans un plan de relance qui se chiffre en centaines de milliards d’euros, nul n’a jugé utile de dédier des investissements aussi immenses qu’indispensables à ce que des le mois de mars, l’on savait être la seule solution durable à la pandémie : le déploiement d’un vaccin aussi vite et efficacement qu’il est humainement possible sur l’ensemble du territoire. Si le vaccin ne permettait que d’en finir une journée plus tôt avec les confinements à répétition, il serait un investissement au rendement social chiffrable en milliards d’euros, mais après avoir dépensé sans compter pour financer chômage partiel et prêts garantis, on semble réticent a investir ne serait-ce que quelques centaines de millions dans le financement de l’infrastructure logistique indispensable à l’immunisation collective – congélateurs, centres de vaccination, transport réfrigéré, collecte informatisée des données. Cette absence totale de sens des proportions, ce refus de l’arbitrage coûts-bénéfices, c’est aussi la conséquence logique d’une inculture quantitative grandissante, dont témoignent les résultats du pays en mathématiques dans les enquêtes internationales, et qui se retrouve au plus haut niveau de l’Etat.

Le quatrième déni, c’est celui de la responsabilité, qui a désormais laissé place à une omniprésente culture de l’excuse. Le Covid, c’était d’abord la faute des pangolins et des marchés en plein air. Puis ce fut celle la Chine, avant d’être celle du capitalisme. C’est la faute de la mondialisation, celle de Bruxelles, celle des Français eux-mêmes, querelleurs et indisciplinés… cette fois, plus d’excuse. Cet échec, il est celui de l’État, de notre État. Assumons-le pleinement, il n’y a plus d’arbre derrière lequel cacher la forêt de notre incompétence administrative, technique, industrielle, scientifique. La France est le seul parmi les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, Royaume-Uni – sans compter l’Allemagne) à ne pas avoir développé son propre vaccin. Elle n’a pas su organiser un système de quarantaine centralisée, pas su se procurer à temps masques et tests pendant la première vague. Elle se place aujourd’hui en dernière position dans le déploiement des vaccins, parmi les pays ayant débuté leur campagne. Comment esquiver, cette fois encore, nos responsabilités ?


Le dernier déni, le plus grave, c’est celui du réel. Le gouvernement, fasciné par la pédagogie, passionné par la communication, semble avoir oublié, tout à sa performativité obsessionnelle, que face à une crise véritable et non pas fantasmée, seule l’action sauve. Il faut,


nous dit avec solennité le Ministre de la Sante, se battre contre la désinformation – et si on se préoccupait plutôt, d’abord, de se battre contre le Covid ? Le gouvernement semble tourner à vide dans une logorrhée sans adversaire clairement identifié. Les fameux « modèles » épidémiologiques, jamais mis à disposition du public, de l’institut Pasteur, qui motivent les confinements et re-confinements successifs, sont un exemple parmi d’autres de ces mantras discursifs. L’obsession maladive du discours poli et sans aspérité, pour ne jamais déplaire, au détriment de la sobre confrontation aux choix que le réel impose dans toute sa difficulté, est le plus grave de nos oublis.

Mais alors, que faire ? Voici huit mesures simples, sans aucune originalité, inspirées simplement de ce qui se pratique dans les pays qui ont su efficacement vacciner leur population. 1. Affirmer le principe de « La première dose avant tout ». Les résultats des essais cliniques de tous les vaccins jusqu’ici mis sur le marché semblent confirmer que l’essentiel de l’immunité vaccinale est acquise après la première dose. Le rapport coûts-bénéfices est clair : il faut vacciner un maximum de citoyens avec une première dose, même si l’on n’est pas absolument certain de pouvoir leur administrer la seconde dans le délai initialement prévu. Cette stratégie est d’ores et déjà celle du Canada et du Royaume-Uni, qui ont su avec agilité changer de braquet devant les données cliniques. Deux fois plus d’individus vaccinés avec une seule dose est infiniment préférable, du point de vue de la réduction de la mortalité et des pathologies graves, que de laisser des doses inutilisées par souci absurde de perfectionnisme sans justification scientifique. 2. Rendre immédiatement la vaccination obligatoire pour les publics fragiles. La vaccination doit être rendue obligatoire pour les plus de 80 ans, et en particulier au sein des EHPAD, comme elle l’est déjà pour bien des maladies au sein des crèches et des écoles, puisque les non-vaccinés exercent dans ces lieux de rassemblement et de contamination une externalité négative. Le pays entier, au nom de la fameuse « nation d’individus solidaires », a accepté de mettre pendant un an sa vie en suspens pour sauver la vie des seniors, qui représentent l’essentiel des décès et des cas graves, en attendant l’arrivée d’un vaccin. Il est maintenant indispensable que les personnes âgées se mettent, elles aussi, au service du bien commun, et rendent au reste du pays la pareille. 3. Simplifier radicalement la trajectoire vaccinale. Il faut sans attendre en finir avec l’obligation de consultation pré-vaccinale et le consentement écrit, deux absurdités technocratiques sans aucune justification scientifique ou médicale autre que de ralentir et d’encombrer les cabinets des généralistes, et qui ne font que céder un terrain précieux aux anti-vaccins. La remontée des données doit être transparente, intervenir en temps réel, et permettre a minima un suivi journalier de la progression de l’immunité collective. 4. Mettre en place un principe de heap priority queue en fonction de la date de naissance et du numéro de sécurité sociale. En cas de refus par un citoyen de recevoir le vaccin, la queue de priorité nationale passe au suivant. Si un individu initialement prioritaire change d’avis après un premier refus, il peut reprendre sa place initialement attribuée dans l’ordre de priorité ; mais grâce à cette méthode, les refus de vaccination ne deviennent que très tardivement un facteur limitant de la vitesse de vaccination dans la population, puisqu’un individu disposé à prendre le vaccin peut se substituer à tous ceux qui l’ont refusé avant lui. 5. Mobiliser l’ensemble des personnels productifs capables de vacciner. Confier un monopole de la vaccination aux médecins généralistes, c’est rendre impossible l’immunisation rapide de la population, du simple fait de la contrainte de ressources et de nombre : il faudrait pour vacciner la moitié du pays avant juin trois à cinq fois plus de médecins qu’il n’en existe. Pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, étudiants en médecine, hôpitaux, cliniques vétérinaires, laboratoires d’analyse, armée, doivent pouvoir administrer des doses dès aujourd’hui. Si les vaccinateurs venaient à manquer, il faut d’ores et déjà lancer une formation éclair des personnels administratifs, et attribuer des primes financières aux soignants et vaccinateurs qui excèdent leurs objectifs. 6. Permettre la reconnaissance mutuelle de l’ensemble des vaccins. Tout vaccin approuvé dans l’un des pays aux standards similaires à ceux de l’Agence Européenne du Médicament peut être approuvé et utilisé immédiatement en urgence en France. En particulier, les vaccins Astra Zeneca et Moderna, déjà approuvés dans plusieurs pays dont le Royaume-Uni, doivent pouvoir être immédiatement déployés sur le territoire français. Le rapport bénéfices-risque est, là encore, bien trop grand pour laisser la lenteur administrative des autorisations de mise sur le marché coûter leur vie à des dizaines de milliers d’Européens. 7. Lancer des human challenge trials pour tout nouveau vaccin. Le vaccin Moderna existe depuis le mois de janvier. S’il avait été inoculé à cette époque, en même temps que le Covid lui-même, à des patients volontaires, jeunes et à faible risque de développer une pathologie grave, son efficacité aurait été démontrée dès le mois d’avril, et son déploiement aurait pu avoir lieu au printemps et à l’été, sauvant plusieurs centaines de milliers de vie en Europe. Ces volontaires existent, par dizaines de milliers. La France doit approuver le principe des human challenge trials pour tout nouveau vaccin après examen préliminaire de sa fiabilité. 8. Instaurer une clause de revoyure. Il est essentiel, cette fois et contrairement à toutes les mesures précédentes, d’anticiper d’éventuels échecs. Le gouvernement doit prévoir, non seulement un horizon auquel il aura vacciné un certain pourcentage de la population ; mais il doit aussi définir des aujourd’hui, en cas d’objectif non atteint, quels paramètres de la stratégie vaccinale devront être modifiés pour en permettre le succès. De telles stratégies contingentes sont la norme en termes de planification militaire ou de gestion de désastres naturels. Par exemple, si l’objectif de 20% de la population vaccinée avant le mois de mars n’est pas atteint, couper les aides publiques à ceux qui refusent d’être vaccinés pourrait être envisagé et annoncé des aujourd’hui.


Une prise de conscience est indispensable. Elle devrait peut-être commencer par un mea culpa. Mais elle doit se poursuivre par une remise en cause radicale et immédiate des choix faits jusqu’ici, qui impose de revenir sur des dogmes auto-imposés comme autant de boulets aux pieds du pays, comme celui de s’interdire de rendre la vaccination obligatoire, ou de passer obligatoirement par les médecins généralistes. Elle requiert un renversement total des priorités du gouvernement, qui semble s’endormir dans une lente léthargie au gré de confinements successifs imposés à une population au bord de l’explosion sociale et politique, et elle impose la réquisition de l’ensemble des forces vives du pays pour accélérer le processus de vaccination.


Antoine Levy


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